Les cycles du deuil

En cette période de fêtes, il n'est pas rare que nos disparus nous manquent plus fortement et que se réveille la douleur du deuil. Cela fait partie du processus normal et ne doit pas vous inquiéter!
Respectez votre rythme!
Il n’y a pas de temporalité fixe pour le deuil : chacun le vit à son rythme et à sa manière et est en droit d’exiger que son entourage respecte cela.
Le rythme effréné de notre société n’accorde à l’endeuillé qu’un répit de quelques semaines, puis elle attend que chacun reprenne ses activités en ayant « fait son deuil ». Pour bien faire et/ou pour son propre confort, les proches ont trop souvent tendance à vouloir « secouer » l’endeuillé, à l’obliger à sortir, à reprendre des activités… Mais c’est contreproductif si cela ne correspond pas à la dynamique interne de l’endeuillé : au lieu de l’aider, c’est lui faire violence !
En effet, le deuil, comme toutes les transformations profondes du vivant, est un processus lent, qui peut s’étendre sur des années. Cependant, généralement on considère que s’il dépasse un an et demi et s’accompagne de grandes perturbations physiques et émotionnelles, il y a un risque d’entrer dans un deuil pathologique. La situation requiert alors une vigilance particulière et un accompagnement professionnel.
Quant aux étapes du processus de deuil, le modèle de la psychiatre américano-suisse Elisabeth Kübler-Ross s’est imposé dans le grand public. Il identifie cinq étapes : déni, colère, marchandage, dépression, acceptation. Cette conceptualisation est actuellement remise en cause, d’abord parce qu’elle a été pensée pour des malades en phase terminale, avant leur décès, et pas pour les proches d’un défunt. Ensuite, parce que Kübler-Ross elle-même l’a nuancée ensuite, en précisant que tout le monde ne passe pas forcément par ces cinq étapes et les réactions ne suivent pas toujours le même ordre.
De fait, si les réactions les plus présentes dans le deuil correspondent au déni, à la colère, à la tristesse, à la culpabilité, celles-ci alternent et souvent se superposent, sans chronologie type. Le processus, loin d’être linéaire, se révèle plutôt cyclique : l’endeuillé passe et repasse par des phases de dépression, colère, culpabilité, intégration, effondrement... Cela peut lui donner l’impression désespérante de ne pas avancer et de tourner en rond, alors qu’à chaque cycle, la blessure se guérit un peu plus et que c’est en fait une spirale ascendante. Les dates anniversaires de naissance ou du décès du proche représentent des moments particulièrement délicats, qui donnent l’impression d’une rechute. Mais nous retrouvons ici le rythme cyclique de la nature, du corps et du système nerveux, qui tendent naturellement vers la restauration de l’équilibre et de la santé, et se mobilisent à notre insu.
Communiquez sur vos besoinsPersonne ne sait vraiment ce que vous vivez et sentez, et personne ne peut le deviner si vous ne
l’exprimez pas ! Parfois les endeuillés en veulent aux proches de ne pas en faire assez ou de trop en
faire, ou d’avoir des réflexions maladroites qui les blessent. Dites-le-leur !
En fait, souvent les proches voudraient aider et ne savent pas comment. Ils se sentent mal à l’aise et
préfèrent fuir ou se mettre en retrait. C’est réellement difficile de savoir réagir face à quelqu’un qui
vient de perdre un conjoint, un ami, un enfant : on ne sait pas que dire, que faire...
C’est donc à l’endeuillé de dire clairement ce dont il a besoin, d’oser refuser une invitation si ce n’est
pas le moment pour lui, de clarifier les propos qui lui font mal, si possible sans agresser les autres. Le
trop plein d’émotions dans cette période douloureuse rend parfois impossible une communication
apaisée, et c’est compréhensible. Pas de culpabilité donc : chacun fait comme il peut !
De même, dans les personnes qui vous entourent, chacun a des compétences différentes : sachez
demander à la bonne personne le type d’aide dont vous avez besoin. L’un pourra vous écouter,
l’autre préfèrera donner un coup de main pratique, le troisième vous proposera une marche, l’autre
vous amènera faire la fête ou vous fera rire...