Quelques métaphores pour mieux comprendre la dépression

La dépression fait des ravages partout dans le monde et la pandémie a encore augmenté de 25 % sa prévalence dans la population, selon l’OMS. Cette aggravation touche particulièrement les jeunes et les femmes. En France, l’Inserm note qu’une personne sur 5 passe par une dépression dans sa vie. Vous avez donc de grandes chances d’être confronté un jour à cette maladie, personnellement ou à travers des proches. Il est rassurant de savoir de savoir qu’elle guérit dans 70% des cas (toujours selon l’Inserm), mais elle mène au suicide de 5 à 20 % des personnes qui souffrent d’une forme sévère.

La dépression fait peur et dérange, parce qu’elle nous confronte à notre vulnérabilité et à la mort. Or ce sont des réalités que notre société tente de nier ou de cacher. La dépression révèle l’envers du décor de la scène actuelle, vaste comedia del arte dominée par le souci de diversion joyeuse et le mythe de la réussite. Face au mirage du bonheur perpétuel que cultivent des réseaux sociaux, la dépression a l’indécence de rappeler que la palette des émotions humaines est bien plus vaste et que chacun passe également par des phases de tristesse et même de désespoir. Face à la pression insoutenable du monde du travail qui exige toujours plus de rapidité, d’efficacité, de rentabilité, la dé-pression lâche.. Réaction et conséquence à la fois de ce fonctionnement social hyperactif et oppressant, la dépression pousse la lenteur jusqu’aux confins de l’immobilisme et l’inaction jusqu’à la paralysie du temps suspendu. 

Face au trop plein des media, au raz-de marée permanent d’infos qui se succèdent à une cadence infernale, à la surconsommation de tout et même de la culture, elle met en évidence le vide, le néant.
Alors oui, la dépression exaspère, et elle est d’autant plus insupportable qu’elle nous met face aux limites de la raison et de la maîtrise. Ce sentiment d’impuissance du dépressif, mais aussi de l’entourage et même du thérapeute bouleverse et désespère… Plus les proches essaient de « secouer » le dépressif, de le forcer à agir, plus il résiste et il s’enfonce, entrainant souvent avec lui l’entourage le plus direct.

Alors comment réagir ? Voici huit images inspirées principalement par la thérapie d’impact de Danie Beaulieu qui permettent de mieux comprendre et donc de mieux accompagner ceux qui traversent une dépression ou leurs proches. Rappelons tout d’abord que la personne ne se limite jamais à sa maladie et qu’il est essentiel de voir au-delà des symptômes, toute la richesse et les ressources et d’un être qui inscrit en négatif son désir de bonheur.

 
L’hibernation, le figement, l’anesthésie (défense).

La dépression peut aussi se comprendre comme une manière de se protéger : l’organisme se met en hibernation quand il ne sait plus faire face, comme l’animal qui s’isole du monde pour attendre sous terre que les rigueurs de l’hiver passent avant de revenir à la vie. 

Le figement renvoie au réflexe de l’animal qui s’immobilise quand il réalise qu’il ne peut ni fuir le danger ni combattre l’agresseur. C’est le seul moyen qu’il trouve pour assurer sa survie et échapper à une menace mortelle !
L’anesthésie indique que, dans la dépression, la personne débranche ses circuits sensibles pour ne plus sentir, ne plus souffrir car elle n’est plus capable de supporter ce qui lui est imposé. Bien que cela semble paradoxal, ces trois images nous présentent la dépression comme une tentative de solution pour survivre dans un milieu hostile et menaçant, quand l’être se sent impuissant et menacé de mort.


Les lunettes noires, (vision déformée)

La pensée négative et les ruminations sont une autre caractéristique essentielle de la dépression : le dépressif voit tout en noir, ne repère que ce qui va mal, relit toute son histoire à partir de ses échecs ou de ses souffrances. Ses lunettes noires lui donnent une vision faussée de la réalité : il doit changer et choisir une paire plus claire pour modifier son regard.


La cassette qui tourne sans fin (obsession)

Danie Beaulieu compare le caractère obsédant des pensées toxiques à une cassette qui tourne en permanence dans la tête du dépressif. Il ressasse inlassablement tout ce qui lui fait du mal et s’enfonce ainsi de plus en plus dans la spirale du désespoir. Cette représentation l’invite à stopper la cassette, à changer de mélodie : il comprend qu’il ne doit pas croire tout ce que lui disent ses pensées du moment car elles proviennent du disque rayé de la dépression.


Le marteau (autodestruction)

Donnez un marteau au dépressif pour qu’il réalise ce qu’il fait inconsciemment : se taper dessus, à longueur de journée, alors qu’il croit vouloir sortir de la maladie et se sentier mieux ! Ce marteau représente son discours intérieur plombé par l’autodénigrement, la culpabilité, la plainte, les reproches… C’est une vraie stratégie dépressive qu’il applique sans s’en rendre compte ! Il se programme de la sorte à aller de plus en plus mal.


La dégringolade, le fond du trou (perte, solitude)

Ces expressions courantes mettent en lumière le sentiment d’avoir tout perdu et d’être au plus bas. La sagesse de ces métaphores pointe vers une remontée comme la seule issue possible, et elles insinuent que celle-ci sera progressive. Il est important en effet d’être conscient que la sortie de la dépression se fait pas à pas, requiert du temps et de la persévérance. Si le thérapeute a su créé une relation de confiance, le patient sent qu’il n’est plus seul. Il peut compter sur le thérapeute, qui lui tend la corde, et ensemble, en s’entraidant ils vont reprendre l’escalade vers le sommet.


La panne de voiture, le lac asséché (manque d’énergie)

La perte d’énergie est flagrante dans la dépression. La voiture est en panne parce que sa batterie est plate, et il faudra la remettre en mouvement pour qu’elle redémarre. C’est l’action, la mobilité qui va relancer la batterie, et pas l’inverse !

L’image du lac met en évidence le déséquilibre entre l’exploitation et le renouvellement des ressources : à force de puiser l’eau du lac sans lui laisser le temps de se remplir, sans permettre à la nature de refaire ses stocks, c’est la sécheresse, la pénurie, l’épuisement, comme dans le surmenage !

 
Le conseil d’administration incompétent (incapacité)

La dépression met la personne le dos au mur et elle se sent impuissante. Dans cette situation de crise où il est urgent et impératif d’agir, comme dans une entreprise menacée de faillite, le conseil d’administration n’est pas opérationnel. D’une part, les analystes manquent de lucidité, car ils ne prennent pas le recul suffisant pour avoir une vision globale et juste du problème. D’autre part, les décideurs n’agissent pas car ils n’y croient plus ou sont paralysés par la peur… 

Ce n’est donc pas le moment de prendre de grandes décisions (démission, divorce etc.). Il faut d’abord restructurer et redynamiser progressivement le conseil d’administration. C’est dans un va-et-vient fécond action et interprétation que la spirale vertueuse peut se réenclencher.


Le voyageur perdu au désert (négation de soi) 

Enfant, se comporter comme les adultes le veulent ; étudiant, faire les études que les parents admirent ; adulte, faire le métier que l’entourage valorise, se conformer et exigences du patron, aux attentes de la famille, du conjoint, agir pour faire plaisir… Tant de personnes vivent en fonction des autres et ainsi perdent tous leurs repères. Elles sont semblables à ce voyageur qui à force de s’écarter de son propre chemin, ne sait plus où il est ni où il doit aller, car il ne sait plus qui il est. La dépression apparait comme le signal d’alarme pour ceux qui ont nié leur identité, ignorer leur vocation, oublier leurs. Il est temps pour eux de reprendre leur boussole, de retrouver le Nord, de reprendre la marche vers soi.


La tempête, la crise, le chaos.. et le tremplin (réorganisation)

Ces métaphores ne sont pas pertinentes pour la dépression chronique, dans laquelle le dépressif s’enlise au long terme, mais elles le sont pour la dépression la plus fréquente, intense et moins longue, que l’on peut qualifier de chaotique. Celle-ci représente un moment de grande perturbation dans un parcours de vie : tous les repères semblent perdus, la personne ne trouve plus de sens à son existence, doute de ses valeurs. Elle a perdu le cap comme un bateau en proie à la violence d’une mer déchainée et elle a peur du naufrage. Le monde lui redevient étranger, confus, incompréhensible, comme plongé dans le chaos.


Et pourtant, le calme revient après la tempête, et le naufragé sort la tête de l’eau et redécouvre un nouvel horizon. Ce type de dépression se présente comme une crise aigüe, mais c’est une crise de croissance qui va amener des changements et une nouvelle adaptation à la réalité. Cette étape douloureuse ouvre de nouvelles possibilités, et peut donc se révéler, par la suite, un véritable tremplin vers un avenir meilleur !


Yasmine-Sigrid Vandorpe, Cabinet d'Hypnose et de Sophrologie à Nimes


Yasmine Vandorpe

Hypnothérapeute sur Nîmes

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